MA PÊCHE:
C’est la saison des Pêches.
Je me dirige enfin vers ton bois
Pour cueillir ton Ode dès ta naissance
Et retrouver les plaisirs passés.
Je m’avance sans peur
Car je sais que tu as fait fuir les démons.
Plus rien ne me retient
De maintenant t’attraper à ta source.
Je hume dans le vent une odeur d’amande
C’est ta feuille qui me titille.
Je ne sais où poser ma main
Mais j’ai déjà ton goût en bouche.
Je te vois toi, charnue, belle et ronde
À la chair illuminée aux couleurs du soleil
Je te sens délicate et ferme sous mes frêles doigts
Je n’ai qu’une hâte sentir ton jus couler en moi.
Mais, pour mieux te déguster
Je repousse le moment fatidique
J’ai d’abord envie de te parcourir
Et de découvrir avec toi la route de la soie.
Tu as fait ce long voyage depuis la nuit des temps
Pour devenir ce fruit noble et varié
Pour te retrouver près de moi
Un jour où j’ai planté ta graine.
Notre amour a grandi dans mon jardin
À l’abri des regards indiscrets.
J’aime te préparer pour découvrir tous les secrets
De ton corps qui sait se faire désirer.
Salée ou sucrée, ma langue tu envoûtes
Mais je t’aime avant tout crue et nue.
Parfois mêlée de vin pour encore plus te sublimer
Mais toujours avec ce délicat parfum de menthe.
Le moment est venu, je n’en peux plus d’attendre.
Je te prends sans retenue
Et redécouvre enfin ton goût velouté.
Alors je sens ton corps qui se fait sanguin.
Tu coules de tout ton être,
Ton jus caresse ma peau
Et s’enfonce dans mes chaires
Je suce mes doigts emplit de toi.
À force de te croquer,
Je ne pouvais passer à côté
De ce noyau dur
Qui plisse de bien-être.
Non, je ne le jetterai pas.
Je le garderai en bouche jusqu’à plus soif
Et le replanterai près de ces fleurs d’amours
Pour toujours mieux nous retrouver.
Je t’ai fait mon symbole d’immortalité
Pour toujours plus nous aimer,
Quand vient le moment de nous unir.
Et toi, qui apparais au loin, veux-tu être ma Pêche ?
Tous droits réservés: Caroline Becker/Hugues Facorat Édition
" Au nom de l'Amour " recueil paru le 18 décembre 2015.